Les enfants, un peuple
De la note de lecture de l'ouvrage d'Alain intitulé "A propos de l'éducation", nous rapportons dans cet extrait sa vision du monde de l'enfant. […] A l’enfant qui a des sentiments individuels comme l’adulte, l’auteur attribue aussi, des sentiments collectifs :
« Ce peuple enfant est capable d'aimer et de respecter, non point d'abord par des pensées, mais par la puissance de tous sur chacun ; et ces sentiments collectifs s'impriment si fortement que, même dans la solitude, il en restera quelque chose. » (XII, 42) Pour Alain, l’'école est une chose naturelle. « Le peuple enfant s'y retrouve en son unité ; et c'est encore une cérémonie que d'apprendre ; mais il faut que le maître soit étranger et distant ; dès qu'il s'approche et veut faire l'enfant, il y a scandale. Comme si un profane entrait dans une société secrète.
Lois du peuple enfant
Le peuple enfant a ses lois sacrées, et il les garde pour lui". Ce lien si fort entre les camarades de jeux « attache encore l'homme fait, et le rend aussitôt ami d'une certaine manière avec un autre homme qu'il n'a pas revu depuis vingt ans, et qu'il ne connaît presque point. Le peuple enfant grandit ainsi et devient peuple d'hommes, étranger à ses aînés, étranger à ceux qui le suivent. La conversation avec un frère aîné est toujours difficile ; elle est presque impossible avec un père ; elle est plus naturelle avec un étranger d'un autre âge ; plus naturelle avec un maître d'écriture ou de science, ou de belles-lettres, parce que le maître éprouve et maintient les différences, au lieu qu'un frère ou un père veulent s'approcher et comprendre, et s'irritent bientôt de n'y pas réussir. En sorte que le maître se trouve être ambassadeur et négociateur entre le peuple parent et le peuple enfant. (XIII, 43)
L'école, le parlement du peuple enfant
Quand le peuple enfant «tient de nouveau son parlement de dix mois », à l’école, pour se reformer ; la famille, « en ce temps de vacances, a épuisé son pouvoir de penser, qui ne va pas loin ; car, par l'échange des sentiments affectueux, chacun est ramené à soi, exerçant son pouvoir d'esclave et usant de l'humeur sans précaution, ce qui fait que l'inférieur gouverne et que l'ennui règne. L'enfant, qui n'a point d'affaires, improvise au milieu des obstacles…. Mais voici qu'il va retourner à ses affaires pro. prés, et retrouver sa pensée en son parlement.» (XIV, 45) Durant l’année parlementaire, « Le peuple enfant forge les idées ; le peuple des hommes en fait dans la suite ce qu'il peut, souvent frappant de la tenaille, souvent tordant de faibles ciseaux à couper le fer… » (XIV, 46)
Sadak Bendali
https://amaz-ling.blogspot.com/2021/03/les-enfants-un-peuple.html
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