Leila Bennini, une poétesse enracinée et ouverte au monde.
Amaz-ling: Quand avez-vous découvert votre passion pour la poésie?
Leila Bennini: Je crois que ma passion pour la poésie est arrivée tout naturellement dès mon jeune âge dans mon milieu familial d'abord puis à l'école. De par ma mère qui naquit et vécu dans un village kabyle, férue de lecture et radio (chaine 2 et chaine3). Elle était élève puis enseignante chez les sœurs blanches. En plus du patrimoine kabyle transmis par oralité, nous avons évolué avec un recueil de chansons en français et en kabyle "l'avette chante" . Du côté de mon père, j'ai connu les grands poètes et écrivains en langue française parmi eux FERAOUN qui jusqu'à maintenant dépeint sur mon style d'écriture. Et puis est venue l'école qui m'a fait découvrir d'autres merveilles de la littérature algérienne, africaine et universelle.
Amaz-ling: Qu'est ce qui vous inspire dans votre écriture?
Leila Bennini: Beaucoup de choses, tout ce qui touche ma sensibilité. Ma vie, le quotidien, la nature, les personnes...Des petits riens, comme de grandes causes. Les tristesses comme les bonheurs...On ne peut tout expliquer en poésie, c'est un monde mystérieux, je dirais même parfois mystique. C’est aussi une révélation du moi intérieur.
Leila Bennini: Pour la langue, j'écris plus en français, je suis plus à l’aise dans cette langue, mais il arrive sur certaines situations qui me touchent d'avoir le besoin de m'exprimer dans une autre langue ; parfois, c'est en kabyle et parfois en arabe.
Pour ce premier recueil, j'ai choisi de publier en trois langues pour me révéler, dire un peu à mon lectorat qui je suis et que je m'inscris non seulement dans l'algérianité dans toutes ses composantes mais aussi dans l'universalité.
Amaz-ling: Est-ce une volonté de rendre hommage à vos origines ou de toucher un public plus large ?
Leila Bennini: En kabyle et malgré que je n’aie pas encore atteint un niveau d'écriture nécessaire pour produire dans cette langue, j'ai tenu à insérer quelques poèmes pour marquer mon identité, mes origines. La langue maternelle prime sur toute autre langue.
Amaz-ling: Choisissez-vous la langue de chaque poème?
Leila Bennini: Comme je l’ai déjà souligné, je ne choisis pas la langue de chaque poème, celle-ci s’impose parfois par le thème, le moment, le ressenti…
Amaz-ling: Quels sont les thèmes principaux que vous abordez dans vos poèmes ou qui reviennent souvent dans votre recueil?
Leila Bennini: Dans ce recueil, on retrouve beaucoup de poèmes sur la cause de la femme ; cancer du sein, abandon, trahison, violence ! En tant que femme, mon engagement ne peut qu’y apparaitre. Après, il y a d’autres thèmes : l’amour, le deuil, le temps, les fleurs, les causes humaines…
Amaz-ling: Y a-il un poème particulier qui vous tient à cœur ? Pourquoi ?
Leila Bennini: Le poème qui me tiens à cœur est celui avec lequel j’ai ouvert mon recueil : « MAMAN ».
Amaz-ling: Quel est le type de vos poèmes ?
Leila Bennini: Je crois que ma poésie s'inscrit dans l’écriture libre, automatique même, surréaliste ; un courant dont je me sens très proche et dont l’influence apparaît dès le premier poème.
Amaz-ling: Préférez-vous la poésie classique ou libre ?
Leila Bennini: J’aime la poésie, « Ce petit rien qui peut tout » comme dit Christian Bobin. Classique ou libre, tout ce qui me remue profondément me passionne. Mais c’est vrai que je penche pour l’écriture libre.
Amaz-ling: Vos poèmes sont-ils introspectifs, engagés, ou davantage orientés vers l’universalité des émotions ?
Leila Bennini: Ce premier recueil est un ramassage de quelques poèmes écrits en différentes circonstances. L’introspection, peut-on s’y soustraire ? Je m’inscris dans la poésie de l’âme ! Il y figurent quelques poèmes engagés. C’est un « patchwork » et au fait il me ressemble, il reflète toutes ces facettes de moi. La poésie vient quand elle veut, comme elle veut ; on ne la maîtrise pas ; elle nous habite et fait de nous ce qu’elle veut.
Amaz-ling: En tant que professeure de physique et titulaire d’un doctorat en chimie de l’environnement, comment conciliez-vous sciences, enseignement et poésie ?
Leila Bennini: L’écriture accompagne ma vie ; elle s’insinue dans les méandres de mon quotidien. Autant la science exige de la rigueur, autant la poésie me libère. Je n’essaie pas de les concilier, elles évoluent ensemble.
Amaz-ling: Trouvez-vous que votre travail influence votre écriture?
Leila Bennini: A travers l’écriture, c’est un vécu qui ressort et dans beaucoup de mes poèmes on trouve une terminologie utilisée en physique ou en chimie. D’autre part, le métier d’enseignant est une aventure humaine qui ne peut qu’avoir une grande influence sur mon aventure littéraire.
Amaz-ling: Le thème de l’environnement est-il présent dans vos poèmes ? Est-ce un sujet que vous explorez pour sensibiliser vos lecteurs ?
Leila Bennini: Je suis fille de forestier et nous avons vécu notre enfance dans des maisons forestières au milieu d’une nature brute, sauvage et combien féerique. Nos parents nous ont appris le respect de l’environnement, de dame nature. Mon choix de l’environnement comme spécialité a été influencé par cela. J'essaye parfois de faire passer un message, ne serait-ce qu’en décrivant la beauté de cette nature.
Leila Bennini: Les animaux ont toujours eu une place importante dans notre maisonnée. Nos aïeux nous ont inculqué ce respect envers ceux qui partagent avec nous la vie sur terre. Les kabyles ont toujours réservé un tiers de leur maison aux animaux domestiques Addaynin ou l’étable. Parmi ceux qui m’accompagnent dans ma vie : les chats. J’en suis carrément amoureuse !
Amaz-ling: Etes-vous amoureuse des animaux en général ?
Leila Bennini: Ce que je peux dire des animaux, est que l’homme doit s’en inspirer dans beaucoup d’aspects. Nous apprenons d’eux mais malheureusement nous nous leurs nuisons.
Amaz-ling: Est-ce simple d'écrire dans trois langues?
Leila Bennini: Je dirais que c’est un atout de pouvoir écrire dans plusieurs langues. Notre connaissance et notre ouverture au monde sont liées à l’apprentissage des langues. L’effort ne compte pas.
Amaz-ling: Avez-vous des projets en vue? Lequels?
Leila Bennini: J’ai un deuxième recueil de poésie en français, et un deuxième ouvrage que je viens de finaliser. Un récit. Je suis aussi sur des traductions de romans du tamazight au français. J’espère publier tout ça avant la fin de cette année.
Amaz-ling: Où peut-on trouver votre recueil?
Leila Bennini: Mon recueil est dans les librairies de Tizi-Ouzou, Alger et Bgayet. La distribution n’a pas suivi sur le territoire national mais j’y travaille puisque beaucoup de mes lecteurs le demandent ailleurs.
Amaz-ling: Quel message souhaitez-vous transmettre à vos lecteurs?
Leila Bennini: En plus de remercier mes lecteurs et toutes celles et tous ceux qui me suivent et m’encouragent sur ma page Facebook, je voudrais quand même encourager à la lecture en général mais rendre sa place à la poésie. Hugo a dit : « La poésie c’est ce qui renaît quand un monde est détruit » et Dieu seul sait combien le monde aujourd’hui est en détresse. Lire une belle poésie c’est comme écouter une belle musique, ou sentir une fleur odorante ; le parfum enivrant reste, indélébile et apaisant. Initions nos enfants à cette musique de l’âme car le salut viendra par la poésie !
Amaz-ling: Votre mot de la fin.
Leila Bennini: Je tiens à vous remercier pour ce que vous faites et vous encourage dans votre démarche qui est un apport de plus à la culture en générale et à notre culture amazighe en particulier. Merci de me donner l’occasion de parler de moi et de mon ouvrage.
Propos recueillis par Sadak BENDALI
https://amaz-ling.blogspot.com/2025/01/leila-bennini-une-poetesse-enracinee-et.html
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